Arithmétiquement, le Smic doit rattraper les salaires les moins élevés de l’entreprise

Le Smic, salaire minimum interprofessionnel de croissance, correspond au salaire horaire minimum légal en dessous duquel le salarié ne peut être rémunéré. Son ancêtre le Smig (garanti) a disparu en 1970, il y a donc 54 ans, ce qui n’empêche nullement d’ailleurs nombre de nos concitoyens de continuer à évoquer à temps et à contretemps le Smig, un peu comme certaines de nos mamies préférées auront bondi des anciens francs à l’euro sans jamais avoir voulu se familiariser avec les “nouveaux” francs. Le Smic, c’est le plancher des planchers, légalement défini et réévalué chaque année au 1er janvier et à chaque fois que l’indice (officiel) des prix à la consommation atteint ou dépasse les 2%. De plus, le gouvernement se réserve, plus ou moins stratégiquement et selon son bon vouloir, le droit d’accorder des “coups de pouce” comme il l’entend.

Toujours est-il que ces revalorisations légales automatiques sont à l’origine d’une certaine “smicarisation” du monde du travail, les salaires les moins élevés se trouvant perpétuellement talonnés voire rattrapés par ce salaire-plancher. Rien de plus frustrant et surtout injuste pour un salarié confirmé, investi, performant et bénéficiant d’une certaine ancienneté de se retrouver au salaire “minimum”, à égalité avec un tout débutant ni qualifié, ni expérimenté. Il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin les origines d’une démotivation profonde de nombre de nos collègues non cadres et tout particulièrement parmi les fonctions du recrutement.

Le blocage inimaginable des salaires fixes chez Adecco depuis 14 années aboutit mécaniquement à une quasi-“smicardisation” d’une grande partie des équipes dédiées au recrutement. Une courte rétrospective suffira à la démonstration.

En 2022, le Smic aura augmenté de 0,9% en janvier, 2,65% en mai et 2,01% en août. Soit arithmétiquement un total de 5,56% mais, en réalité, de 5,66% selon le calcul cumulé (en cascade). Pour 2023, les augmentations se seront élevées à 1,81% en janvier et 2,22% en mai, soit 4,07% en calcul cumulé. Pour mémoire, deux mois avant le début de l’année 2022, en octobre 2021, le Smic avait déjà reçu un sérieux coup de pouce de 2,1%.

En 2024, le Smic qui avait bénéficié d’une augmentation de 1,13% en janvier devrait croître de 2,01% en juillet, inflation oblige, et dépasser ainsi les 1 400 euros net. Or, les NAO Adecco 2023 avaient accordé aux salariés non cadres de l’entreprise, menacés de se faire dépasser par le Smic, une augmentation des salaires fixes de 2,5%, la première hausse en quatorze année.

Au total et en calculant les augmentations cumulées d’octobre 2021 à juillet prochain, le Smic aura augmenté de 15,64%, en un peu plus de deux ans et demi. Tout est dit : 2,5% en 14 ans d’une part et 15,64% en deux ans et demi d’autre part. Et zéro pointé pour les cadres ! Comment voudrait-on qu’arithmétiquement, mécaniquement, le Smic ne rattrape pas les salaires Adecco ? C’est un appauvrissement systématique et planifié que nous subissons au nom de la réduction des coûts.

La délicate animation d’équipes sous-rémunérées

En qualité de représentants et porte-paroles des cadres chez Adecco, il nous faut alerter sur des situations de management devenues pour le moins délicates. Comment animer au quotidien et donner envie à des recruteurs dont on ne cesse, à juste titre, de nous rappeler l’importance de leur fonction, alors même qu’une bonne partie d’entre eux se trouvent en passe d’être rattrapés par le Smic ? Même un salaire brut à 2 000 euros ne permet plus une véritable reconnaissance, nous confie l’un de nos collègues cadres. Et que dire d’une partie variable (potentielle) limitée à 5% pour les recruteurs ? L’ensemble des Directeurs d’agence et de hub se ont exprimés sur le sujet, ici ou là et notamment lors du dernier Kick-Off. Un geste fort consisterait à placer rapidement le curseur à 15 ou au moins 10% de part variable.

Une pensée ici pour les Directeurs d’agence, de hub et autres managers subissant chaque jour la galère de recruter et/ou fidéliser des équipes à moindre coût, dans un univers de pénurie attesté par l’ensemble des acteurs du monde du recrutement. A l’impossible ou presque ils sont tenus quotidiennement sous peine de voir péricliter leur centre de profits et de mettre en danger leur emploi.

Avec un Smic qui devrait, dans deux semaines, atteindre les 1 802,26 euros brut et dépasser les  1 400 net, il nous apparait plus qu’urgent de revoir les grilles de salaires chez Adecco. Ce qui ne serait pas une raison d’oublier pour autant les cadres, ces mal-aimés.

13 Commentaires

  1. Ancien RA Manpower
    Le smic a été augmenté de + de 500€ en 20 ans
    Les salaires des personnels d’agence sont restés au même niveau…. Voir moins

  2. L’urgence c’est de faire le tri entre les managers qui le sont vraiment et ceux qui profitent, se plaignent sans arrêt sans parler des fonctions support qui ne servent à rien

  3. Je confirme ! sans oublier les difficultés à recruter et à fidéliser avec les salaires Adecco. Quand tu en tiens une tu as intérêt à la retenir sinon elle traverse la rue et elle gagne plus. Je dis ça je dis rien

  4. Sans parler des DZ qui mettent la pression aux DA pour leurs indicateurs sans savoir si cela est atteignable. On sent que ça pousse au dessus. Quand t’es DA t’es juste un commercial avec des responsabilités en fait et tu mange pour tes PDM … commerce commerce commerce mais rien pour l’humain

  5. Vis ma vie Gégé et viens un mois en agence quand tu cherches un recruteur et que ton plus gros client est au taquet. Tu annonces le salaire et là les candidates se sauvent ou restent une semaine ou un moise et tu es à nouveau dans la m….

  6. Faire du commercial c est juste notre boulot
    Moi je le fais pour mon business et pas pour la direction et donc j ai pas de pression
    Car si j en avais je partirai
    Ma crainte va plus vers la suppression des ETP si ça se gâte et là ça va être terrible pour nos équipes
    Quant aux salaires c est une catastrophe sur le fixe et la PV des RR ça devient très difficile de garder des équipes motivées
    Et le tien over ça agit sur les PDM bien sûr
    Mais on dirait qu il y a un mur entre les agences et la direction

  7. Semaine de la QVT chez Adecco cette semaine. On rêve !
    N’oubliez pas votre TIC (taux d’intensité commercial) sinon Miss Blondie va vous passer un savon.
    La concernant, son TIC est fait jusqu’au vacances d’août avec toutes les louches sérees lors des 24h du Mans pendant 4 jours.

  8. Comment voulez vous animer une équipe avec les salaires Adecco ? les filles sont en transit en attendant de trouver mieux. Moi je veux bien apprendre mais je veux qu’on me montre comment motiver une recruteuse qui est là depuis 8 ans et qui gagne moins que celle embauchée il y a 6 mois. Venez me montrer comment on fait

  9. Oui, tu as raison mais il a été nécessaire de différer tant les informations reçues étaient imprécises. Chacun y allait de son interprétation sur un sujet pourtant important et directement lié au pouvoir d’achat.
    Nous allons y revenir très prochainement en essayant de coller au plus près à la réalité et en évitant toute approximation.

  10. 1950 € brut à plus de 40 ans… Les smicards intérimaires touchent donc plus que nous avec les IFM… c’est démotivant et écœurant, essaie de partir depuis plus d’un an

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