Même sans être aficionado de l’exercice, il faudra néanmoins reconnaître aux dernières élections législatives le mérite d’avoir au moins provoqué une réaction dans les rangs du grand patronat. Ne dit-on pas que “la peur est le commencement de la sagesse” ? Ainsi, 100 chefs d’entreprise dont les dirigeants d’Adecco, de la Maif, du groupe Bel… reconnaissent détenir “une grande “capacité à agir” face au climat actuel de “défiance” et de “colère”. Alléluia !

Leur déclaration commune vaut son pesant de stock-options lorsqu’ils déclarent « Des millions de Françaises et Français passent une majeure partie de leur temps au travail. Nécessairement, notre manière de diriger, nos pratiques managériales et les conditions de travail que nous proposons, nos pratiques commerciales et nos choix d’investissements ont une influence sur chacun », ajoutant dans la foulée « Nous pouvons aujourd’hui faire le choix de mieux répondre à la demande légitime de reconnaissance, de dignité, de responsabilisation et de justice de nos salariés et nos parties prenantes, et contribuer ainsi à la stabilité dont nous avons besoin ».

Nous assistons émerveillés à la découverte de l’eau tiède : voici le gratin du grand patronat se réunissant à grands frais pour égrener, presque mot pour mot, ce que nous cessons de clamer et d’écrire depuis tant d’années. Faut-il pour autant leur facturer des droits d’auteur ? A voir. Malheureusement, ces propos pétris de bonnes intentions ne précisent rien des moyens à mettre en œuvre et, par conséquent, n’engagent sur rien. S’agit-il d’une mystification de plus à ajouter au musée des sages résolutions ?

On peut s’interroger lorsque l’on découvre que ce grand raout se tenait à l’initiative du Mouvement Impact France, présidé dès son origine par un certain Jean-Marc Borello, plus que proche du pouvoir actuel et dont la fiche Wikipedia, longue comme un bras, nous renvoie un portrait peu flatteur. Condamné à six mois de prison avec sursis pour « avoir facilité l’usage illicite de stupéfiants en laissant se dérouler et prospérer dans les établissements dont ils avaient la responsabilité », il fut aussi vice-président d’Ensemble contre le sida, association présidée par un certain Pierre Bergé qui n’est plus à présenter…

Wikipedia soulève un sérieux problème de casting en ajoutant que « Jean-Marc Borello est aussi décrit en patron se déplaçant en voiture avec chauffeur, passant des week-ends dans une propriété du groupe à Hautefeuille, Les Tournelles, un château avec piscine, jacuzzi, salle de projection et parc avec kangourous, « des signes qui passent mal dans le milieu de l’action sociale et qui contrastent avec le sort des salariés de base » précise l’auteur de la rubrique. Et, coup de grâce, la célèbre encyclopédie en ligne révèle qu’il est « l’objet de deux articles en , dans Le Monde tout d’abord39, puis dans Libération40, qui rendent compte d’accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles dans son entreprise de la part de plusieurs anciens employés. Certes, personne n’est parfait mais difficile de nier un certain effet de cumul.

Infiniment plus présentable, Pascal Demurger, l’actuel président du Mouvement Impact France et, à la ville, Directeur général de la Maif bénéficie, lui, d’une rémunération mensuelle de 55 000 euros, ce qui « est en contradiction avec les grandes orientations du Mouvement Impact France (MIF) et de l’Économie sociale et solidaire, il ne répond pas au critère d’agrément des Entreprises solidaire d’utilité sociale (Esus) limitant l’écart à 10 fois le SMIC. Ce salaire équivaut à 30 fois le SMIC, et plus de 20 fois le salaire minimum de la Maif ». Décidément !

Bref, prenons en compte ces divers éléments plus quelques autres et évitons tout emballement prématuré quant à un éventuel changement rapide de paradigme et, très prosaïquement, un prochain et équitable partage de la valeur… Nous demeurons néanmoins en veille et faisons notre ce mot du génial écrivain Georges Bernanos : “L’espérance est un risque à courir”.

2 Commentaires

  1. oui effectivement on peut toujours espérer .. au moins les grands patrons reconnaissent les problématiques que vivent leurs salariés !! et Adecco ? aussi ? lol

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