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Article paru le 5 juillet 2024

Ce n’est pas encore une information puisque l’article du 4 juillet de Zonebourse auquel nous nous référons emploie dans son titre le conditionnel : “Le groupe Adecco envisagerait la vente d’Akkodis”. Il n’est évidemment pas question pour nous de procéder à une surenchère grammaticale tant que nous ne disposerons pas d’éléments dûment vérifiés. Ceci posé, nous savons par expérience que ce genre d’information précautionneusement conditionnelle annonce le plus souvent des confirmations à venir. A suivre (de près), donc.

Si l’information se vérifie, il s’agit de l’évènement le plus important de ces dernières années, de ces dernières décennies même, bien plus considérable qu’un plan social (PSE, PDV, RCC), que le rachat d’une quelconque entité ou une fusion. Voici pourquoi.

Dès le rachat d’Akkodis Technologies, en 2021, la presse s’étonne du prix étonnamment élevé versé par le groupe Adecco. Un article paru dans Le Figaro titre même “AKKA racheté au prix fort par Adecco”. Alors que l’entreprise technologique ne se trouvait pas au mieux de sa forme et que deux années auparavant ses comptes avaient carrément viré au rouge, nos dirigeants ont proposé une offre somptueuse à 49 euros par action, soit une prime de +99,2% par rapport au dernier cours et de 108% supérieure au cours moyen pondéré des trois derniers mois. Cette prime représentait 10,6 fois le montant de l’EBITDA total de l’année 2022.

On peut s’interroger sur les motivations d’une telle prodigalité mais voilà en tout cas un pactole qui aura, nous n’en doutons pas un instant, au moins profité à quelques heureux bénéficiaires.

Une acquisition pharaonique

Les dirigeants AKKA ont reçu 1,6 million d’actions Adecco et le groupe a procédé à deux levées de fonds, une première de 232 millions d’euros suivi d’une seconde à 1,5 milliards d’euros. Une valorisation à 2 milliards d’euros, “la plus grosse transaction en 25 ans d’histoire du groupe” comme l’avaient à l’époque souligné quelques titres de presse.

L’objectif ne consistait en rien moins que se hisser à la deuxième place mondiale du secteur R&D en ingénierie, derrière Capgemini, le numéro un incontesté. Construire dans le temps, avec Modis, un géant fort de 50 000 ingénieurs et experts numériques. On lira avec émotion la déclaration d’Alain Dehaze, CEO du groupe Adecco au moment du rachat et de la fusion d’AKKA et Modis devant enfanter d’AKKODIS :

« Nous sommes très heureux d’annoncer aujourd’hui qu’AKKA Technologies et Modis vont s’unir dans le cadre d’une transaction historique. Avec nos piliers mondiaux Workforce et Talent Solutions, nous créons un leader mondial du marché de la technologie et de l’ingénierie numérique. L’entreprise issue de ce rapprochement sera un partenaire de confiance pour les entreprises internationales de premier plan, capable de répondre à l’accélération de la demande de transformation numérique grâce à son orientation Industrie Intelligente. En combinant AKKA Technologies et Modis, nous marquons un tournant dans notre stratégie Future@Work. Il s’agit d’un investissement convaincant dans une activité à plus forte croissance et à plus forte marge, dont les bénéfices sont plus prévisibles et plus résilients, et qui créera une valeur importante pour toutes les parties prenantes. Les deux entreprises se complètent fortement, unies par une passion commune pour la technologie et le talent et une culture dynamique et entrepreneuriale. Nous voyons également dans l’écosystème du Groupe Adecco de nouvelles opportunités pour AKKA Technologies et son équipe d’ingénieurs, avec une capacité accrue à combiner des solutions technologiques avec des solutions en matière d’emploi dans le cadre d’une offre de services véritablement unique pour nos clients.»

Voilà une déclaration qui ne respirait pas vraiment le court-terme, ni la précarité, c’est le moins qu’on puisse dire.

Dès septembre 2022, des signes très inquiétants

Le 22 septembre 2022, dans notre article “AKKA n’a pas la baraka“, nous évoquions cet inimaginable loupé concernant le siège social de l’entreprise, un véritable scandale de grande ampleur, vite étouffé, dont nous vous laissons découvrir les détails dans l’article cité. Pour faire simple et résumé, après avoir investi 45 millions d’euros dans l’acquisition et le réaménagement de l’ancien site Mercedes de Chesnay-Rocquencourt, la direction d’AKKA Technologies aurait brutalement découvert que le site “ne correspond plus aux besoins actuels”, à l’évolution de l’organisation du travail et à l’essor du télétravail. Surréaliste et à relire au moins deux fois avant de réaliser !

En guise de conclusion provisoire

Si l’information, aujourd’hui au conditionnel venait à être confirmée, imagine-t-on un instant qu’une acquisition de ce montant et la réorganisation qu’elle a impliqué puisse aboutir à une revente deux années plus tard, sans doute à moindre prix, sans être justifiée par une raison impérieuse et sans doute gravissime ? Et comment comprendre le renoncement à une position aussi stratégique de challenger mondial dans le secteur de la R&D, si ce n’est sous contrainte pressante ?

Si la vente vient à se réaliser, il sera alors permis (et même vivement conseillé) de s’interroger sur la situation financière et stratégique du groupe et même sur son devenir. Ensuite, chacun analysera les données disponibles et agira selon la projection qu’il voudra bien établir et ce qui lui conviendra le mieux. On connait par ailleurs le niveau d’endettement du groupe qui, depuis des années, maintient un cours garanti de l’action – à coups d’emprunts – pour le plus grand bonheur des actionnaires.

Quant à nous, fidèles à notre mission d’informer, dialoguer et défendre, nous continuerons de représenter tous nos collègues cadres et d’accompagner au mieux tous ceux qui nous approcheront et nous solliciteront.

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