Le segment d’activité semblait enviable et le marché sinon exponentiel tout au moins prometteur et évolutif. Il faut dire qu’entre la désorganisation de l’hôpital public, la désaffection des praticiens et leur pénurie endémique, l’intérim médical n’en finissait pas de progresser et de prospérer. Avec 22 172 équivalents-temps plein en 2022, soit + 25% comparativement à 2017, cinq années plus tôt, des taux horaires et des coefficients enviables et des besoins prévisibles plus qu’aguichants, l’intérim médical vivait, sans le savoir, ses tendres années.

Pourtant, depuis 2017 et l’avènement de l’actuel président de la république, tout ou presque a été mis en œuvre pour tenter de limiter le recours à l’intérim dans les professions médicales et para-médicales. Mais en vain puisqu’il n’a fait que croître depuis cette date. Depuis le modeste Ségur de la Santé et ses tout aussi modestes revalorisations des salaires, le plafonnement des rémunérations des intérimaires, la maigre tentative d’Agnès Buzyn avant sa cavale en Suisse, la loi Rist du 26 avril 2021 et notamment son article 33… Tout a échoué et l’intérim médical s’affiche de plus en plus florissant. Peut-être un jour s’attaquera-t-on aux véritables causes : les ravages causé par le numerus clausus qui a bridé pendant trop longtemps le nombre de médecins à former, la gestion financière et technocratique de l’hôpital au détriment des patients hospitalisés et des grilles de salaire dissuasives.

Dans son dernier rapport du 16 juillet dernier, la Cour des comptes fulmine d’ailleurs contre la progression continue des contrats courts et des “médecines mercenaires”, même si cette dernière expression ne peut lui être imputée.

Venons-en au véritable problème qu’ont à affronter aujourd’hui les opérateurs d’intérim médical : l’application de l’article 29 de la loi du 27 décembre 2023 qui stipule l’interdiction de déléguer un médecin ou para-médical qui ne totaliserait pas deux années de travail hors intérim. Ce qui exclut de fait l’ensemble des jeunes diplômés et les praticiens déjà délégués en intérim moins de deux ans. Les professionnels de l’intérim médical soulignent la quasi-impossibilité de répondre aux obligations qu’imposent le décret d’application de ladite loi et notamment celle de reconstituer le parcours de tous les intérimaires et de l’ensemble des candidats pour tout contrat signé depuis le 1er juillet dernier. Mission impossible, d’autant plus en cette période estivale et compte tenu des maigres effectifs, souvent à l’os, dans la profession.

C’est donc l’activité médicale des entreprises d’intérim qui est aujourd’hui en jeu et les négociateurs de branche se sont donc concertés pour rédiger une requête auprès du ministère de la Santé et des Solidarités afin de tenter d’obtenir une révision du niveau d’exigence de ce décret d’application. A suivre, donc.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici