Ce n’est un secret pour personne, la profession de l’intérim ne tient aujourd’hui ses niveaux tarifaires qu’à coups d’allègements sur les salaires, notamment sur les plus modestes, et par exemple, une simulation par nos experts des résultats Adecco France en 2023, cette précieuse manne financière déduite, aboutissait à un bilan négatif. Oui, sans l’appoint de cet argent public, l’activité soutenue de nos belles équipes de milliers de permanents investis, de notre encadrement généralement d’un bon niveau et des dizaines de milliers de salariés intérimaires qui nous accordent leur confiance, se soldait purement et simplement par une perte financière. Effrayant, non ? Adecco et ses confrères et néanmoins concurrents ne peuvent, tout comme les agriculteurs et producteurs laitiers ou de viande, survivre sans aides de l’État. C’est un fait.

Allègements Balladur, Aubry, Fillon, sans parler du scandale du CICE, d’un certain François Hollande, plus ou moins transformé en baisse de charges pérenne par Emmanuel Macron, les salaires les plus bas bénéficient depuis des décennies d’allègements divers et variés de charges. Des allègements qui pèseront quand même à hauteur de plus de 78 milliards d’euros pour l’année 2024, à mettre en perspective et pour ordre de grandeur avec la totalité de l’impôt sur le revenu qui s’élèvera cette année à environ 94 milliards d’euros.

Mais, contraint par une situation financière catastrophique, le gouvernement de notre État en faillite et d’un gouffre permanent de l’assurance-maladie, vient de décider, dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025, une réduction progressive de ces allègements. Dès le 1er janvier prochain, les entreprises auront à absorber une hausse des charges sur les salaires relevant du Smic mais aussi de ceux s’élevant à 2,2 et 3,2 fois ce salaire minimum. La dégressivité des exonérations devrait s’étaler de 2025 à 2027 avec la perspective de rentrer 15 milliards d’euros dans les caisses de l’État, soit environ 5 milliards par an à prendre dans les poches des entreprises et donc, plus ou moins directement dans celles des clients, des salariés et de l’ensemble des citoyens.

Quelles perspectives pour l’emploi et donc l’intérim ?

C’est une première et jamais depuis trente ans un gouvernement n’avait augmenté le coût du travail sur les salaires les plus bas. Il faudrait avoir heurté à vive allure un pylône pour imaginer un instant qu’une telle mesure, prise en désespoir de cause, pourrait révéler une incidence positive sur l’emploi. Mais une fois cela dit, qu’en sera-t-il réellement pour notre activité ? Personne ne peut évidemment répondre précisément à cette question mais une certitude prévaut : la mesure risque d’aggraver encore la situation de l’emploi et notamment de l’intérim. Nos clients sont-ils en mesure d’absorber de nouveaux surcoûts supplémentaires ? Pour répondre à cette question, cf. le niveau record de défaillances d’entreprises en 2024…

Et les budgets 2025 dans tout ça ?

Nous ne pouvons imaginer un instant que notre direction n’intègrera pas ce changement majeur dans la fixation des budgets 2025. Les derniers indicateurs chiffrés présentés en CSE Central cette semaine, mercredi 13 pour être précis, révèlent d’ailleurs ou plutôt confirment une situation particulièrement inquiétante et nombre des élus présents ont clairement remarqué l’inquiétude maintenant palpable sur le visage des membres de la direction présents. En ce qui concerne la fixation des budgets, il devient cette fois impossible d’ignorer la situation économique générale, pas davantage celle de l’entreprise Adecco, et guère plus celle de l’environnement international. Vous pouvez bien entendu compter sur notre engagement total pour tenter de ramener, chaque fois que nécessaire, notre direction dans le droit chemin du réalisme.

3 Commentaires

  1. Tous ces trainings commerciaux sur les renégociations vont enfin servir ! Enfin pour les plus anciens qui sont restés… courage aux forces commerciales qui seront sur le front.
    Je m’interroge sur les effets pervers d’une telle mesure. Inflation et ralentissement de la consommation?

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