Rappelons en préambule que les analyses évoquées dans cet article concernent le groupe Adecco monde et non la France. La situation française apparait nettement plus problématique, notamment en termes de parts de marché. (NDLR)
Nous n’avions volontairement pas évoqué le communiqué paru sur Zonebourse il y a trois semaines (26 février dernier) tant il nous était apparu plutôt banal par son contenu, évoquant bien sûr une baisse des revenus et de quelques autres indicateurs financiers mais sans la moindre expression de gravité qui soit. Aurait quand même dû éveiller notre attention cette information importante : « Adecco propose un dividende d’un franc suisse par action pour 2024, mais met à jour sa politique en la matière, ne posant plus le plancher d’un dividende au moins équivalent à celui de l’exercice précédent, de façon à accélérer son désendettement ». Fini le pile je gagne, face je gagne, tranche je gagne encore. Mais, jusqu’ici, pas de quoi fouetter un chat ! Ceci dit, il faudrait quand même être un peu frappadingue pour fouetter un chat, non ?
Notre CEO, faisant le job, s’affirmait dans ce communiqué convaincu d’une amélioration du marché, de la croissance et de nos prochains gains de parts de marché, de rentabilité et de trésorerie. Nous voguons donc, sans bien nous en rendre compte sans doute, vers un avenir radieux tout entier orienté vers la croissance.
Un autre communiqué, publié exactement le même jour mais émanant du CFRA, une officine d’analyse financière mondialement implantée, affichait une tout autre tonalité, n’hésitant pas à dégrader la notation du groupe Adecco de “conserver” à “vendre”, selon le jargon financier usuel, et ne cachant pas son inquiétude quant aux perspectives du marché.
Un désendettement problématique
Malgré la suppression évoquée du dividende minimum, les analystes financiers du CFRA affichent leur scepticisme face à la capacité de désendettement du groupe, notamment en regard de prochaines baisses potentielles du cours de l’action. L’auteur du rapport ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il conclut : « Nous sommes déçus par l’ampleur de son désendettement (du groupe Adecco, NDLR), ce qui pourrait selon nous suggérer une baisse supplémentaire du cours de l’action. Dégradation “à vendre”. Les perspectives révisées reflètent l’attente de vents contraires continus pour Adecco dans un avenir proche ».
Analyse concordante des experts de Jefferies qui ont également procédé à une dégradation de la notation Adecco de “conserver” à “sous-performance” et réduit l’objectif du cours de l’action à 19,50 contre 29 CHF. Oui, vous avez hélas bien lu. De plus, ces analystes évoquent une dynamique des bénéfices d’Adecco qui pourrait être inférieure à celle de son principal concurrent, sans pour autant le citer, avec de possibles révisions à la baisse des prévisions de bénéfices.
Les analystes de chez Bernstein et ceux de Jefferies expriment les mêmes inquiétudes sur la santé financière et les perspectives de performance de l’entreprise et suggèrent une approche prudente concernant l’action Adecco.
Sauf à effectuer des recherches, ces informations ne vous seront proposées par personne d’autre que nous, ce qui nous apparait regrettable. Qu’un cadre et membre de l’encadrement d’une entreprise se soucie de la santé et des orientations de son entreprise, quoi de plus normal et même évident ?